Parmi les maladies infectieuses contagieuses au cours des relations intimes, la syphilis provoquée par la bactérie Treponema pallidum (T. pallidum) tient une place particulière du fait de l’ancienneté de sa description sous différents vocables, après son introduction en Europe par les troupes de Christophe Collomb au retour de la découverte du Nouveau Monde, en 1493.
Un travail récemment publié dans le Journal of Infectious Diseases (doi: 10.1093/infdis/jiad248) rapporte la détection d’une bactérie très proche de T. pallidum, chez un individu de sexe masculin daté du 8ème siècle exhumé à Roquevaire, une commune proche de Marseille.
Cette observation, portée par les capacités avancées de l’équipe de Paléomicrobiologie du laboratoire MEPHI (AMU, IRD, IHU) dans le domaine du diagnostic des maladies infectieuses anciennes, bouleverse le scenario dogmatique d’une introduction première et unique de la syphilis en Europe, suggérant au contraire l’introduction d’une souche de T. pallidum « colombienne » dominant par sa diffusion et pathogénicité les souches de T. pallidum circulant préalablement dans les populations en Europe.
Ce travail de recherche en Maladies infectieuses, supporté par l’IHU Méditerranée Infection, illustre la mixité des domaines de recherche médicale (le laboratoire ADES AMU CNRS EFS d’Anthropologie biologique de la faculté de Médecine et le laboratoire MEPHI AMU IRD de Microbiologie médicale), tout autant que la mixité entre recherche académique et recherche portée par la communauté au sein d’associations (Association pour la Sauvegarde du Patrimoine Historique et Culturel de la commune de Roquevaire ASPHCR), en pleine modernité de réflexion de l’organisation de la recherche médicale.
Des informations complémentaires peuvent être demandées auprès du Prof. Michel Drancourt, auteur correspondant de l’article (michel.drancourt@univ-amu.fr).